Caldera est bien davantage qu’un groupe. C’est un espace qui, depuis 2001, s’est progressivement affirmé, affiné et épanoui. Sa trajectoire rend compte d’un souci d’établir des fondations artistiques solides. Son ambition vise à repousser plus loin les frontières et les conventions du stoner rock et du doom. De définir ses propres horizons sous la forme d’un post-doom instrumental audacieux, sans jamais perdre de vue l’ampleur de son héritage musical (qu’il vénère par ailleurs). Ce qui se traduit très concrètement par une triple dynamique d’expérimentations sonores (trois démos unanimement célébrées par la presse), de confrontations publiques (une centaine de concerts frénétiques réalisés en Allemagne, Belgique, Luxembourg et en France) et de rencontres marquantes (avec High On Fire, Mastodon, Church of Misery, Moho, Brainoil...). De quoi forger un caractère en acier trempé.
Autant d’arguments pour souligner la détermination qui anime Caldera. Loin, très loin du rock’n’roll-minute, pré-mâché, pré-digéré, sans relief et sans saveur, Caldera a patiemment façonné sa propre rampe de lancement d’où il propulse aujourd’hui son premier album Mist through your consciousness (sortie en mars 2008). Un album magistralement produit par Serge Morattel (Knut, Overmars, Shora), finement masterisé par Nick Zampiello (Converge, Isis, Cave In) et remarquablement habillé par Joce de Chimère Noire. Du haut de gamme !
Les arbres présents sur ce disque symbolisent parfaitement la musique de Caldera. Une circulation constante entre volonté d’élévation et retour aux racines. Caldera en est la sève dont la trajectoire n’est jamais définie au préalable. Et encore moins soutenue par des mots. En cela, Caldera invente un langage organique et instrumental. Ce qui en augmente l’expressivité. Et qui soumet l’auditeur à une éruption incontrôlable d’émotions. A telle enseigne que le disque est devenu la bande sonore d’un film porno lesbien (« Skateboard Kink Freak » de Maria Beatty, 2007). Voilà qui en dit long sur l’intensité de la musique de Caldera. Vibrations libidinales. Jouissance auditive. Excitante et sensuelle. Une invitation au lâcher prise. A l’abandon de soi. Au plaisir et à la volupté. Comme le suggère Lemmy Kilmister qui s’y connaît en la matière : « Que doit-on attendre d’autre du rock’n’roll si ce n’est de faire saliver les muqueuses ? ».
Fabien Hein, 2008, January